Alger la blanche,
entre casbah et Dallas
08/04/2009 | Mise à jour : 00:23 | Commentaires

Classé par l'Unesco au patrimoine de l'humanité, le quartier de la casbah est en ruines. Il ne reste que quelque 900 bâtiments debout, soutenus pour la plupart par des madriers. Les autres se sont effondrés comme des dominos. Crédits photo : Associated Press
Paradoxe des années Bouteflika, la capitale, où se côtoient pétrodollars et pauvreté, n'attend rien du scrutin présidentiel joué d'avance qui se déroule jeudi.
La ville est un gigantesque chantier. Des investisseurs des pays du Golfe construisent un nouveau port, les Français terminent le métro, des armées de Chinois bâtissent à la va-vite des logements sociaux. Alger change grâce aux pétrodollars. La capitale est riche mais ses habitants sont dans leur grande majorité plongés dans la pauvreté. C'est le paradoxe des années Bouteflika, cet autocrate qui, après dix ans de gouvernance, devrait être réélu jeudi à la tête de son pays. La rente des hydrocarbures a servi à rembourser la dette publique, mais pas à venir en aide aux démunis via des créations d'emploi. L'État dispose de 140 milliards de dollars de réserve de change, mais l'économie informelle domine.
Dans la baie à la lumière si particulière mouillent des dizaines de cargos. Les navires attendent leur tour pour décharger leurs cargaisons dans un port devenu trop petit. Le trafic maritime a explosé depuis le retour progressif à la paix civile. «Ces bateaux sont surtout le signe d'une économie déstructurée tournée vers l'importation et non vers la production intérieure», explique Slim Othmani, un entrepreneur à la tête d'une fabrique de jus de fruits. Paralysées par les embouteillages, les artères qui montent de la gare maritime vers la casbah sont envahies par des vendeurs à la sauvette. On trouve même, rue de la Lyre, des «barbus» en tenue afghane vendant des petites culottes et des strings fabriqués à Hongkong.
Déglinguée, la mythique casbah est un concentré des bizarreries nationales. Plusieurs centaines de milliers de personnes s'y entassent dans des conditions de précarité et d'insalubrité extrêmes. Faute de recensement, nul n'est en mesure de donner un chiffre d'habitants précis. On sait en revanche que les immeubles s'effondrent comme des dominos : un bâtiment tombe et entraîne dans sa chute les maisons voisines. La moitié de l'ex-quartier arabe du temps des colons français est ainsi déjà parti en poussière. Il ne reste que quelque 900 bâtiments debout, soutenus pour la plupart par des madriers.
«Une dynamique d'autodestruction»
La vieille ville est un tas de ruines où les décombres trouent le paysage urbain. Ce phénomène est unique au Maghreb. De Tunis à Marrakech, de Fès à Rabat, les médinas ont conservé leur lustre. Pas ici. «C'est le résultat d'une dynamique d'autodestruction», résume Abdelkader Ammour, le président de la Fondation casbah, une association créée en 1991 pour essayer de sauver ce qui peut encore l'être de ce quartier classé par l'Unesco au patrimoine de l'humanité. «Les habitants ont rendu leurs demeures inhabitables dans l'espoir d'être relogés. Ils ont cessé de les entretenir. Mais l'État n'a pas pu tenir ses promesses démagogiques et la casbah s'est transformée en camp de transit», dit M. Ammour.
Il faut remonter à la guerre d'indépendance pour comprendre le processus. La casbah où se déroule la «bataille d'Alger» est alors le principal foyer algérois du soulèvement contre la métropole. En 1962, au départ des pieds-noirs, ses habitants s'installent dans les appartements abandonnés par les rapatriés. Et une nouvelle population débarque des campagnes pour occuper les maisons vacantes de la médina. «La guerre avait chamboulé le milieu rural. Des paysans venaient avec leurs habitudes dans des lieux sans sanitaires. Il y a eu très vite une surpopulation. Ajouter à cela l'incurie de l'État et vous avez un cocktail détonant. La casbah, c'est un peu vos banlieues difficiles», analyse Boudjemaa Kareche, l'ancien directeur de la Cinémathèque d'Alger. Il ajoute : «Je n'aimais pas la casbah lorsque j'étais jeune. J'y avais pris un coup de couteau. Il y avait des voyous ! Ça n'allait pas ! Mais elle était emblématique avec ses grandes figures et aussi les films comme Pépé le Moko de Duvivier avec Jean Gabin, qui a été tourné, il faut le préciser, en studio à… Boulogne-Billancourt.»
Dans les années quatre-vingt-dix, le quartier est le vivier du terrorisme. Des islamistes armés font régner leur «ordre moral» dans le ghetto. Ils égorgent les vendeurs de cigarettes et les policiers, tuent un journaliste français. «On a survécu à des moments horribles», se souvient Mohamed, un artisan assis devant son échoppe.
En s'enfonçant dans le dédale des venelles en pente douce, on croise des bandes de jeunes désœuvrés, des vieillards en gandoura, des islamistes en kami. Les petits commerçants côtoient des voleurs et des «repentis», ces salafistes descendus du maquis grâce à la politique dite de «réconciliation nationale». Faute de place pour circuler, le ramassage des ordures est assuré par des ânes, comme sous l'époque ottomane. L'ambiance est plutôt sereine. Les gens se plaignent de la hausse des denrées alimentaires et ne se soucient guère de l'élection présidentielle. «Il n'y aura jamais de changement car chez nous, les dirigeants ne lâchent jamais le pouvoir», estime Driss, le propriétaire d'un «douara», un riad en cours de rénovation.
Un peu plus bas, dans l'ex-rue Maringot, un tenancier de bain maure interpelle le visiteur étranger. Smain Meraoui, 74 ans, tient à raconter l'histoire de son hammam installé au rez-de-chaussée de l'ancienne maison de Roger Hanin. «Navarro créchait à la casbah, lance-t-il. On a connu les années magnifiques. Le hammam était mixte : un matin pour les musulmans, un après-midi pour les juifs. On s'entendait bien», poursuit cet «ex-chauffeur du directeur des Galeries de France du 25 de la rue d'Isly». Le vieux monsieur aimerait «voir plus de touristes». À la Fondation de la casbah, Abdelkader Ammour évoque l'avenir avec prudence : «L'État déclare du bout des lèvres qu'il va sauver la casbah mais il n'y a pas de véritable volonté politique. Et seuls 300 propriétaires des 900 restants se sentent concernés par les efforts de réhabilitation.» Les Algérois semblent avoir tourné le dos à une casbah considérée comme maudite ou en tout cas infréquentable.
Les classes aisées s'installent sur les hauteurs de la ville blanche. Le nouveau quartier de Sidi Yaya les attire. Il propose un centre d'affaires, des grands magasins de vêtements confectionnés en Turquie, des trottoirs propres. Les bars à chicha, le narguilé, y foisonnent. Ils sont fréquentés par les enfants de la «tchitchi», la bourgeoisie huppée parlant français. Les garçons et les filles se retrouvent dans une odeur de tabac parfumé à la pomme. Ils flirtent parfois dans des alcôves protégées des regards par des rideaux.
La jeunesse dorée roule en 4 × 4 et s'ennuie
Dans la rue, des jeunes femmes se promènent la tête nue. L'intégrisme a cédé la place à une tolérance inédite. Les tentatives de l'État de réislamiser la société par le haut n'empêchent pas une certaine liberté de mœurs. «On est à l'aise. On peut se balader sans se faire embêter systématiquement par les hommes ou être agressé par les“frérots”», témoigne Karima, 22 ans. «Le hidjab, coloré de préférence, est aussi une façon d'être tranquille. C'est normal de le porter», nuance Sihem, sa copine de faculté. Karima et Sihem affirment «s'ennuyer souvent». «On veut vivre maintenant, pas dans trente ans», lâchent -elles. Elles ne sont pas les seules à s'impatienter.
Un sentiment d'enfermement accentue le désir d'exil. Rares sont les jeunes - qui représentent 75 % de la population - à ne pas rêver d'immigrer en France. Le marasme ambiant les pousse à consommer de plus en plus de drogue. Les saisies de stupéfiants ont été multipliées par trente en quinze ans. «Les gens veulent du “bonheur national brut”, c'est-à-dire de l'enseignement, de la culture et des loisirs. Le niveau de qualité de vie ne rend pas la destination Algérie attractive pour les Algériens», constate l'homme d'affaires Slim Othmani, qui affiche malgré tout un certain optimisme.
Reste que l'opulence est réservée comme par le passé aux classes dirigeantes et à leurs ayants droit. Les riches roulent en Hummer ou en 4 × 4. Ils vivent dans des villas au luxe ostentatoire comme le quartier de Dallas accroché à une colline au-dessus d'un bidonville, et achètent des résidences dans les stations balnéaires du sud de l'Europe. «Il est tendance à Alger d'avoir des domestiques noirs, ce qui est un comble pour des gens issus d'un régime qui a prôné la révolution dans le tiers-monde», note Boudjemaa Kareche. «Il s'agit bien entendu de clandestins subsahariens», précise-t-il, dépité.
Tirailleurs algériens

Tirailleurs algériens
Les Tirailleurs algériens (plus tard : régiments de tirailleurs algériens ) (RTA), sont des unités d’infanterie formées en Algérie du temps de l’« Algérie française » et crées en 1842.
Principaux engagements et combatsClassés par régiment et par date :
1er Régiment de Tirailleurs Algériens* 1914 o Charleroi o Bataille de la Marne - Course à la mer : Montmirail, Château-Thierry, Fismes o Bataille des Flandres : l’Yser, Luyghem, Bixschoote, la Maison du Passeur * 1915 o Armées du Nord - Canal de l’Yperlée : Yser, attaque par les gaz du 22 avril * 1916 o Bataille de Verdun : Cote 304 o Bataille de la Somme : Maurepas * 1917 o Champagne : le Mont-Haut (17 avril) * 1918 o Grivesnes, Montdidier o Ouest de Reims : Cote 240, Saint-Thierry o La Vesle, l’Aisne, la Hundling-Stellung
2e Régiment de Tirailleurs Algériens* 1914 o Vers Charleroi : Oret, Mettet (23 août), Florennes (24 août) o Retraite des IIIe et IVe Armées : Courgivaux, Petit-Morin o Bataille de la Marne : Cuts-la-Pommeraye (15-17 septembre) * 1915 o Ire et IIIe Armées en Argonne et sur la Meuse : Plateau des Loges o Bataille de Champagne : attaque du 25 septembre, Epine de Védegrange * 1916 o Bataille de Verdun : Louvemont, Côte-du-Poivre (février), Souville (juillet) o Reprise des Forts de Douaumont et de Vaux : Bois le Chaume, Bezonveaux (15 décembre) * 1917 o Verdun : Cote 304 * 1918 o Moreuil (8 août), Noyon (28 août) o Chauny, Ternier
Ali la Pointe

Le règne de Houari Boumediène
1965 - 1978 : Le règne de tous les pouvoirs
’ambition de bâtir une Algérie moderne
Fort de son emprise sur l’armée, le colonel Houari Boumédiène évince le président Ben Bella par le coup d’État du 19 juin 1965, afin de mettre officiellement fin à la dérive du « pouvoir personnel ». Lui-même cumule toutefois les fonctions de chef de l’État, de ministre de la Défense et de président du Conseil de la révolution. Malgré l’émergence d’une opposition à cet accaparement du pouvoir, le président Boumédiène parvient à asseoir son autorité, grâce au soutien de l’armée, et instaure un régime fort. Opposé à la politique d’autogestion de Ben Bella, il nationalise les compagnies pétrolières dès 1966, puis de nombreuses sociétés privées dont les capitaux étaient pour l’essentiel détenus par les Français. Soucieux d’affirmer l’indépendance économique du pays, il mène une politique d’industrialisation massive, fondée notamment sur les exportations d’hydrocarbures. Une politique de réforme agraire complète l’industrialisation, qui ne rencontre pas cependant le même succès. Houari Boumédiène développe également le système d’enseignement, s’appuyant sur les coopérants français tout en procédant à l’arabisation de l’éducation nationale. Il parvient à cultiver des liens étroits avec le bloc communiste sans rompre, toutefois, avec l’Occident. Il donne également à l’Algérie une place importante au sein du tiers-monde, se faisant l’ardent défenseur d’un « nouvel ordre économique international », après la Ve Conférence des pays non-alignés qui se tient à Alger en 1973.
En 1976, il fait approuver une nouvelle Constitution, qui fait de l’Algérie une démocratie socialiste, institue le FLN comme parti unique et instaure un régime présidentiel. Élu président pour un mandat de six ans, Houari Boumédiène meurt en décembre 1978. Chadli Benjedid lui succède.
Un prédateur politique
« Tout pouvoir humain est un composé de patience et de temps. Les gens puissants veulent et veillent. » (Honoré de Balzac)
Les quelques Algériens qui possédaient un poste de télévision avaient impatiemment attendu le 20H le jour durant, pour mettre enfin un visage sur la voix métallique qui lisait sur les ondes, d’un ton monocorde, le communiqué militaire n° 1. Ils se demandaient qui était donc ce putschiste qui tenait un discours si martial que la radio avait seriné la journée entière du 19 juin 1965. (...) houari boumedienne avec Valery GISCARD D'ESTAING
1932 (23 août) : naissance de Houari Boumediène (de son vrai nom Mohamed Boukherouba), à Aïn Hassaïnia, dans une famille de paysans pauvres, originaire de la Petite Kabylie.
1957-1958 : avec le grade de commandant, Boumediène devient l’adjoint de A. Boussouf lorsque ce dernier succède à Larbi Ben M’hidi à la tête de la Wilaya V, puis en prendra les rênes après que Boussouf soit entré au Comité de coordination et d’exécution (CCE), qui deviendra le GPRA en septembre 1958.
1958-1960 : Houari Boumediène prend d’abord la direction du COM Ouest (Oujda), puis la tête de l’état-major général (EMG), instance créée par le CNRA de Tripoli 1 en janvier 1960 ; ceci lui permettra de diriger de façon coordonnée toutes les troupes de l’ALN stationnées aux frontières.
1962 (juillet) : Boumediène entre à Alger, à la tête de ses troupes, et installe Ben Bella au pouvoir après avoir réduit l’opposition des Wilayas III et IV et neutralisé le groupe de Tizi Ouzou (composé essentiellement de K. Belkacem, H. Aït Ahmed et M. Boudiaf).
1963 (15 septembre) : élection de Ahmed Ben Bella à la magistrature suprême qui devient le premier président de la République algérienne indépendante.
1965 (19 juin) : Ahmed Ben Bella est renversé par un coup d’Etat (« sursaut révolutionnaire ») conduit par Boumediène et ses alliés du Groupe d’Oujda et de l’EMG. Un Conseil de la révolution, élargi quasi immédiatement à certains colonels de l’ALN, est créé, dont Boumediène devient le président.
1967 (14 décembre) : tentative de coup d’Etat fomentée par le chef d’état-major de l’ANP, le colonel T. Zbiri à laquelle s’associe, de façon ambiguë, le chef de la 1re Région militaire, le colonel Saïd Abid qui trouvera la mort dans des conditions mystérieuses.
1971 (24 février) : nationalisation des intérêts pétroliers étrangers.
1971 (novembre) : promulgation de l’ordonnance portant Gestion socialiste des entreprises et de l’ordonnance portant Révolution agraire.
1976 (22 novembre) : promulgation de la Constitution, adoptée par voie référendaire le 19 novembre.
1976 (10 décembre) : élection de Houari Boumediène à la magistrature suprême.
1977 (avril) : remaniement profond des structures du Gouvernement par lequel Boumediène revient sur le modèle de développement économique (cruel désaveu infligé à B. Abdesslam) et qui constitue le prélude à une véritable rupture avec le système précédent.
1978 (août) : de retour de Khartoum où il vient d’assister au 15e sommet de l’OUA, Boumediène tombe gravement malade. Des semaines durant, les médecins algériens et soviétiques se montrent incapables de procéder à un diagnostic précis de son état.
1978 (novembre) : Boumediène tombe dans un coma dépassé. Appelé à son chevet, le professeur Waldenström confirme que le chef de l’Etat est effectivement atteint d’une leucémie lymphoïde chronique et que son état est désespéré.
Les hommes du président
Kasdi Merbah, patron de la Sécurité militaire (1962 -1979)
De son vrai nom Abdallah Khalef, il est né le 16 avril 1938 à Béni Yenni (Tizi-Ouzou). Militant nationaliste, il rejoint l’ALN en 1956 en Wilaya V (Oranie).Il y navigue dans le sillage de fortes personnalités : Abdelhafid Boussouf, père des services de renseignements et du contre-espionnage du FLN et Houari Boumediene, sorte de maréchal de l’ALN. Affecté au Ministère de l’Armement et des Lisons Générales (MALG) dirigé par Boussouf, il fait partie de la jeune garde surnommée " Boussouf Boys ". Il appartient également à la première promotion de cadres militaires formés à Moscou, appelée " Tapis rouge ".
Chef du service de renseignement du MALG auprès de l’état-major général en février 1960, il participe en tant qu’expert militaire au négociations de Rousses. Il se range dès l’éclatement de la crise de l’été 62 dans le camp de Boumediene. Patron incontesté de la " S.M " de 1962 à 1979, proche et fidèle collaborateur de Boumediène, il participe activement au coup d’Etat de juin 1965. Au moment de l’agonie de Boumediene, il était responsable de tous les services de sécurité, ce qui explique son rôle déterminant dans le processus de transition. En janvier 1979, il apporte son soutien au colonel Chadli qui l’emporte sur ses principaux concurrents.
Il abandonne ses fonctions à la tête de la " S.M ", pour devenir le 5 mai 1979, SG du ministère de la Défense jusqu’au remaniement gouvernemental de juillet 1980, où il a été " mis à la touche ". Il est successivement vice ministre de la Défense, ministre de l’industrie lourde( janvier 1982), ministre de l’agriculture et de la pêche (janvier 1984), ministre de la santé (février 1988), Chef du gouvernement (de novembre 1988 au 9 septembre 1989). Il crée en 1990 le parti MAJD. Véritable pilier du régime, il sera assassiné le 21 août 1993.
Ahmed Draia, membre du Conseil de la révolution (1965-1979), directeur de la Sûreté nationale (1965-1979)
Né le 10 mai 1929 à Souk Ahras. Officier de la Base de l’Est, il est arrêté en 1958 pour complot contre le GPRA et envoyé à la frontière malienne en 1960. Il dirigera en 1963 les compagnies nationales de sécurité et désigné le 1 juin 1965 à la tête de la DGSN qu’il ne quittera pas jusqu’à la mort de Boumediene, date de sa nomination à la tête du ministère des transport, puis ambassadeur au Portugal de 1980 jusqu’à sa mort en février 1988.
Ahmed Bencherif, commandant de la Gendarmerie nationale et membre du Conseil de la révolution (1962-1978),
Né en avril 1927 à Djelfa, Ahmed Bencherif est un militaire de carrière dans l’armée française. En juillet 1957, il déserte le 1 er régiment des artilleurs algériens pour rejoindre l’ALN (wilaya VI) avec une partie de sa compagnie. Membre du CNRA en janvier 1960, il est nommé à la tête de la wilaya IV en juillet de la même année. Capturé en 1960, il est remis en liberté en avril 1962 et rejoint l’Etat-major général de Boumediene. En septembre 1962, l’Exécutif provisoire le place à la tête de la gendarmerie. Il sera maintenu à ce poste jusqu’à avril 1977, date à laquelle il sera nommé ministre de l’Environnement, de la Bonification des terres et de l’Hydraulique. Une mise à l’écart déguisée.
Membre du Conseil de la Révolution, il fait partie de ceux qui ont géré l’Algérie de 1965 à 1978 et du groupe restreint des huit titulaires restant sur 26 qui ont assumé la direction des affaires du pays durant la maladie de Boumediène. A la mort de celui-ci, il s’opposera résolument à la candidature de Abdelaziz Bouteflika. Il est écarté du pouvoir à partir de février 1979, exclu du Comité central, puis accusé par la Cour des comptes de détournements de fonds. Il ne revient en politique, au Comité central du FLN, qu’en 1989.
Abdelaziz Bouteflika, ministre des Affaires étrangères (1963-1979), membre du Conseil de la révolution (1965-1978)
Issu d’une famille originaire de Tlemcen, il est né le 2 mars 1937 à Oujda (Maroc) où ses parents tenaient un bain maure. Il rejoint l’ALN à la frontière algéro-marocaine en 1956 en wilaya V (…). En 1960, le commandant Si Abdelkader est chargé d’ouvrir le front malien. Proche collaborateur de Boumediene, il effectue en 1961, une mission de prospection pour le compte de ce dernier auprès des leaders du FLN détenus à Aulnoy en vue de s’assurer leur alliance dans la course au pouvoir à l’approche de l’indépendance. C’est donc Bouteflika qui jette des ponts entre Ben Bella et Boumediene pour s’opposer au GPRA.
Député de Tlemcen à l’Assemblée constituante, il est nommé ministre de la jeunesse, des sports et du tourisme en septembre 1962. Après l’assassinat de Mohamed Khemisti, il assurera pendant quatre mois l’intérim au ministère des affaires étrangères. Il sera confirmé à ce poste en septembre 1963 et le gardera 16 ans de suite. Faisant partie du cercle restreint des intimes de Boumediene, Bouteflika est à l’origine directe du processus ayant achoppé du coup d’Etat contre le président Ben Bella. En voulant le limoger, Ben Bella a en effet précipité sa propre chute le 19 juin 1965. Durant toute la période où il dirige les AE, son nom sera associé à l’intense activité de la diplomatie algérienne. Ne partageant pas tous les choix politico-économiques de Boumediene, il plaide, à l’intérieur des instances dirigeantes, pour une plus grande souplesse du système.
Ce qui lui vaudra d’être présenté comme l’homme de l’Occident, un " libéral ". Candidat malheureux à la succession, il est éjecté, graduellement, du cercle du pouvoir. Il est évincé du gouvernement et du BP le 2 juillet 1981. Sa disgrâce est confirmée en 1983. La Cour des comptes le condamne a rembourser 6 milliards de centimes. Il lui est reproché des irrégularités dans la gestion d’une " régie occulte " ouverte, au nom de son ministère, dans une banque à Genève. Deux ans plus tard, il est disculpé par la Cour d’Alger. En avril 1999, il deviendra le septième président de la République algérienne démocratique et populaire.
Cherif Belkacem, membre du Conseil de la révolution (1965-1975)
Né le 10 juillet 1930 à Ain Beida, militant de l’UGEMA et du FLN au Maroc, il rejoint l’ALN et devient commandant de la zone I de Tlemcen jusqu’à la fin 1959, date a laquelle il rejoint le P.C de la wilaya V, à la frontière algéro-marocaine où va se constituer le fameux " groupe de Oujda ". Député de Tlemcen à l’Assemblée constituante (septembre), le compagnon de jeunesse de Boumediene devient ministre de l’Orientation nationale dans le gouvernement Ben Bella, Partisan du coup d’Etat de juin 1965, il est chargé du département Information en plus de celui de l’Orientation nationale. Membre du Conseil de la Révolution, " coordonnateur du secrétariat du Parti " (juillet 1965 - décembre 1967), il est nommé en mars 1968 ministre d’Etat chargé des Finances et du Plan.
C’est sous autorité qu’est élaboré le premier plan quadriennal 1970-1973, qui lance l’industrialisation de l’Algérie. Il quitte ce ministère en mars 1970 pour présider le Conseil national économique et social. Après la mise à l’écart de Kaid Ahmed en décembre 1972, premier maillon du " groupe d’Oujda " à céder, c’est à Cherif Belkacem que Boumediene confie la mission de reprendre en main le FLN. Ministre d’Etat sans portefeuille, il apparaît alors comme le " numéro deux " du régime. Il anime les Commissions nationales de la Révolution agraire et de la Gestion socialiste des entreprises, mais son étoile ne cesse de décliner. En 1975, des rumeurs insistantes attribuent à l’épouse de Chérif Belkacem la publication d’un livre à scandales intitulé Les Folles Nuits d’Alger.
Boumediene en profite pour évincer son compagnon du Conseil de la Révolution, puis pour supprimer son ministère d’Etat en juillet 1975. Jugé indésirable, il quitte subrepticement le pays pour s’installer en Europe. Il réapparaît au lendemain des événements d’Octobre et signe le " Manifeste des 18 " et se présente aux élections présidentielles de 1999.
Kaïd Ahmed
, membre du Conseil de la révolution (1965-1972), responsable du FLN (1968-1972)
Né le 17 mai à Tiaret. Militant de l’UDEMA de Ferhat Abbas et secrétaire général du parti dans sa ville natale, en 1951, Kaid Ahmed est élu conseiller municipale et adjoint au maire de Tiaret. Membre du Comité central de l’UDEMA, il rejoint le maquis fin 1955. Il est d’abord Commissaire politique et capitaine de la zone VIII de la wilaya V, puis devient adjoint du colonel Boumediène. Nommé au CNRA en 1959, le commandant Slimane (nom de guerre) assurera par la suite le secrétariat pour l’Ouest de l’état-major général de l’ALN (…) il participe à la première conférence d’Evian, devient commandant de la Base Ouest-Oujda.
2lu député de Tiaret(septembre 1962), nommé ministre du Tourisme, il démissionne et rejoint son siège à l’Assemblée (juillet 1964). C’est lui qui annoncera à la radio la destitution de Ben Bella et promu ministre des Finances et du Plan (juillet 1965). Nommé responsable du Parti (mars 1968), il quittera les affaires publiques suite à de profondes divergences avec Boumediene notamment sur les grandes orientations politico-économiques. Kaid Ahmed meurt en exil au Maroc le 5 mars 1978.
Ahmed Medgheri, minis
tre de l’Intérieur (1963) (1965-1975), membre du Conseil de la révolution
Né le 23 juillet 1934 à Oran, Ahmed Medgheri a grandi à Saida. Il obtient le baccalauréat " série mathématiques élémentaires) en 1953 mais dut interrompre ses études universitaires à Grenoble suite à des difficultés matérielles. Medgheri retourne au pays et se fait instituteur Militant à l’UDEMA, il rejoint l’ALN en juillet 1957 à la wilaya V où il devient l’un des plus proches adjoint de Boumediene. Il contribuera à rédiger le volet militaire des Accords d’Evian, à l’indépendance, il deviendra premier wali de Tlemcen, puis ministre de l’intérieur Pour marquer son désaccord avec Ben Bella, il démissionne en 1964. Il reprend son poste après le coup d’Etat et y restera jusqu’à sa mort tragique (" accident " par balle chez lui)le 10 décembre 1974.
DERNIERS MOMENTS DE HOUARI BOUMEDIENE
Belaïd Abdeslam, ministre de l’Industrie et de l’Energie (1965-1977)
Issu d’une famille aisée originaire de Grande Kabylie, Belaid Abdeslam est né en 1928 à Ain Kebira (Sétif). Militant du P.P.A, président de l’UGEMA (1951-1953), membre du Comité central du PPA/MTLD, tendance centraliste, Belaid Abdeslam rejoint le FLN en mai 1955. en 1958, il est appelé auprès du ministre de la culture du GPRA, Tewfik El Madani, puis de Abdelhamid Mehri aux Affaires sociales. Au lendemain du cessez le feu, il est chargé par le FLN des questions économiques à l’Exécutif provisoire. Après l’indépendance, il sera écarté des responsabilités, jusqu’à sa désignation pour conduire la délégation algérienne dans les négociations pétrolières avec la France.
Il devient le premier président de Sonatrach (1964-1966), et l’inamovible ministre de l’industrie et de l’énergie de Boumediene (1965-1977), puis des Industries légères (1977-1979). Il a la haute main sur toute la politiques et projets industriels. En 1982, Belaid Abdeslam est accusé de " corruption ". Il sera vite innocenté. Il sera écarté du pouvoir peu après l’élection de Chadli. Il revient en politique en 1988 en signant le " manifeste des 18 ". Il est nommé chef du gouvernement juillet 1992 jusqu’à août 1993.
Mohamed Salah Yahiaoui, membre du Conseil de la révolution (1965-1979) et coordinateur du Parti (1977-1979)
Né à Barika (Batna), Mohamed Salah Yahiaoui est instituteur avant de rejoindre le maquis en 1956, où il devient membre de l’état-major général dirigé par Boumediène. Membre du Conseil de la Révolution lors du coup d’Etat de juin 1965, le colonel Yahiaoui est placé à la tête de l’Ecole interarmes de Cherchell1968 à 1977. En novembre 1977, il est chargé par Boumediene de reprendre en main le Parti. Candidat potentiel à la succession, il est écarté par l’armée au profit de Chadli Bendjedid.
Ahmed Taleb El Ibrahimi, ministre de l’Education nationale (1965-1970), ministre de l’Information et de la Culture (1970-1977), ministre conseiller auprès du président de la République (1977-1980).
Né le 5 janvier 1932 à Sétif, fit ses études primaires à Tlemcen où son père Cheikh Bachir Ibrahimi s’était installé en 1933 comme responsable de l’association des oulémas algériens pour l’Ouest du pays. En 1949, il entreprend des études à la Faculté de Médecine d’Alger, puis de Paris. Il milite d’abord au sein de l’Udema. Elu président de l’Union générale des étudiants musulmans (UGEMA) en juillet 1955, il développe un discours arabo-islamique. En mars 1956, il accède au Comité fédéral de la Fédération de France du FLN, il est fait prisonnier en février 1975 et détenu à la prison de Fresnes puis à la Santé jusqu’à septembre 1961.
Remis en liberté (provisoire) il quitte la France pour la Tunisie et rejoint le GPRA. A l’indépendance, il est mis à l’écart par Ben Bella, soupçonneux à l’égard des oulémas. Docteur en médecine, proche de l’opposition de (1963-1965), Taleb Ibrahimi est arrêté en juin 1964 car soupçonné d’être en contact avec la " contre-révolution ", le CNDR de Moussa Hassani, mais bénéficie d’un non lieu et libéré en janvier 1964. Après un court séjour au Moyen-Orient, il rentre au bercail pour pratiquer au service hématologie de l’hôpital Mustapha. Le 10 juillet, il est appelé par Boumediène pour être son ministre de l’Education nationale.
Moins d’un an après son département publie un plan décennal d’enseignement axé sur trois points : " démocratisation, arabisation, orientation scientifique et technique ". Confronté à la contestation estudiantine, il décide la fermeture de l’Université d’Alger le 7 février 1968 pendant trois semaines. En juillet 1970, il devient ministre de l’Information et de la Culture jusqu’au 27 avril 1977, date à laquelle il devient ministre conseiller auprès du président Boumediène, poste qu’il gardera dans le premier gouvernement de Chadli. Il est quelque temps après président de la Cour des comptes.
Source : D’après Achour Cheurfi, La classe politique algérienne de 1900 à nos jours, Dictionnaire biographique, Casbah Editions, Alger, 2001 M. A.
Comment les généraux ont fait élire BouteflikaLe 11 janvier au matin, Chadli apprend que des blindés de l?armée sont positionnés dans Alger
Huit mois après un premier entretien explosif avec « le Nouvel Observateur », l?ex-capitaine Aboud apporte de nouvelles révélations sur le fonctionnement réel du régime algérien dans « la Mafia des généraux »(*), dont nous publions ici des extraits
Le renversement de Chadli
La destitution du président Chadli Bendjedid était programmée bien avant les résultats des élections législatives [de décembre 1991]. Seule une victoire du FIS [le Front islamique du Salut] pouvait permettre une redistribution des cartes. Exit les petits clans parasitaires, et place à une politique consensuelle entre des hommes qui ont été à la même école: celle de l?armée coloniale. [...] Le 26 décembre, dès la proclamation de la victoire du FIS, on fait circuler chez tous les officiers une pétition par laquelle ils demandent au président de ne pas organiser le second tour des législatives. La ficelle est un peu grosse. Des lieutenants et des capitaines qui mêlent leur signature à celle des généraux mafieux, c?est difficile à faire admettre. Cela sent le coup tordu. L?initiative avorte. Khaled Nezzar préfère prendre les choses en main personnellement. Il va harceler régulièrement le président de la République, qui lui accorde quatre audiences. Au cours des entretiens avec Chadli, le général Nezzar, parlant au nom de l?armée, lui suggère de démissionner. [...]
et à sa périphérie. Etonné par ce déploiement de forces et soupçonnant un mauvais coup de ces généraux auxquels il a décerné, il y a quelques mois à peine, de nouveaux galons, il téléphone au commandant de la garde républicaine, le général-major Dib Makhlouf, qui a consacré toute sa carrière dans l?armée algérienne à ses affaires. [...] «Je viens de limoger Khaled Nezzar et je t?ai nommé ministre de la Défense à sa place. Tu vas au ministère et tu donnes ordre aux troupes de rentrer dans les casernes», lui dit Chadli.